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DJ Chloé

Nominée aux Victoires de la Musique, icône du légendaire Pulp parisien, co-fondatrice du label Kill The DJ, son univers bannit tous les préjugés et idées préconçues que l’on peut se faire sur l’art du Djing. Car il est bien question d’art avec Chloé.

 

Ses nombreux récents projets édifient des ponts entre l’art contemporain et le métier de DJ où tour à tour (sur ses platines) elle signe la bande-son douce et mystérieuse de l’exposition Our Sense de la plasticienne et vidéaste Rebecca Bournigault, intègre les voix de Man Ray, Marcel Duchamp ou Louis Aragon dans son Chasser Croiser / Le surréel & son écho, live inédit au centre Pompidou en 2011, se produit en 2013 à la Biennale de Venise lors de la performance de l’artiste albanais Anri Sala dans Ravel Ravel Unravel.

Si vous pensiez que la musique électronique ne sert qu’à danser ou se défouler, Chloé vous prouvera le contraire. Souvent qualifiée de techno minimaliste (ou radicale ou brute), nous, nous n’aimons pas enfermer les artistes dans des petites cases histoire de bien s’y retrouver. Se perdre est bien plus intéressant dans les courants musicaux qui traversent le son de Chloé.

Invitée par les LuLúxpo, leur rencontre date de l’année 2000 lors des fameuses soirées No Dancing Please au Pulp parisien, en référence à ses clubs américains qui n’ont pas de licence pour faire danser leur public… bien qu’ils abusent des décibels. A l’époque, Chloé était le DJ résident et les LuLúxpo l’invité du club. Ils ont en commun un ami de Radio Nova, Sébastien Boyer Chammard ainsi que Fany Corral, Ivan Smagghe entre autre mais surtout une certaine conception de la musique électronique. Je réalise que j’assiste à des retrouvailles, entre des personnes qui partagent les mêmes valeurs, parlent le même langage. Et quand je demande pourquoi les LuLúxpo ont fait venir Chloé à Genève, la réponse est sans équivoque: « On aime la personne, ses productions et c’est aussi un bon moyen pour nous revoir et partager un moment ensemble,… Ca faisait trop longtemps! ».

A l’évocation de ce temps révolu (mais jamais oublié) de leur rencontre, la nostalgie est palpable autour de notre table: formateur, il permet de se rendre compte du chemin parcouru depuis les premières raves car tout commence par cette communion festive jusqu’à aujourd’hui. Chloé composant sur un 4 pistes jusqu’à découvrir les possibilités infinies de l’Electro. Chloé étudiante en droit la journée vs DJ la nuit. Son premier maxi Erosoft (2002). Chloé au conservatoire électroacoustique. La musique restant un domaine expérimental où elle s’exprime jusqu’à s’affirmer telle qu’elle est avec son dernier album One in Other (2010). Cette volonté de ne pas s’enfermer dans un style attire des projets divers, permettant ainsi à la musique électronique de s’évader de ses stéréotypes et de côtoyer l’art contemporain. Rien n’est calculé et quelque part, rien n’est voulu: cela arrive, un point c’est tout.

Le surréalisme, sujet proposé par le Centre national des arts plastiques pour l’Atelier de Création radiophonique de France Culture, est une évidence: la liberté, la contestation vont de paire avec ce désir de s’affranchir de toutes étiquettes. Le parcours de Chloé est intuitif: il oscille entre l’irrationnel, le rêve, la révolte mais il fait toujours preuve de conviction. Et lorsqu’on la rencontre, cette créature nous fait l’effet d’une telle force que l’on croit pouvoir la palper et ainsi s’en imprégner.

Face au trio, qui sera quelques minutes plus tard complété par le duo La Forêt, l’harmonie prévaut, réfutant la construction logique de l’esprit, tout comme les artistes surréalistes. Loulou et Pollux appellent cela « les good vibes ». Et lorsque je me retrouverai sur le dancefloor du Zoo, c’est alors que je comprendrai qu’il n’y a pas de mot pour expliquer la musique. Tour à tour, les 3 DJs communiqueront de leur dix mains avec nous contre toute logique: la musique forte empêche tout dialogue, pourtant l’échange est bien là. Le monde se bouscule, pourtant chacun à l’impression d’être seul. Le lieu ne fait pas rêver, il faut l’avouer et pourtant, le lendemain on se demandera si notre esprit ne nous a pas joué des tours et si tout cela est bien arrivé. Pour les dubitatifs, je tiens à préciser qu’aucun de nous n’a consommé de produits illicites, tout au plus avons nous bu un cocktail et une bière. La musique comme seule drogue a suffit à nous emporter loin.

 

Mais comme le dit Chloé, parfois, il ne faut pas trop analyser et se concentrer sur la mesure.

 

Vidéo: Chloé (Chloé Thevenin), album One-in-Other, label: Kill The DJ, 2010. 

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