
Initialement mise en place par le Musée d’art et d’histoire (MAH) pour célébrer les 70 ans de carrière de Gilbert Albert, la disparition du natif des Pâquis il y a bientôt un an aura finalement érigé l’exposition “Gilbert Albert: joaillier de la nature” en rétrospective posthume à la fois touchante, naturaliste, et nécessaire.
Scénographie vernaculaire
Mon billet réservé la veille en main (mesure anti-Covid oblige), c’est avec émerveillement que je pénètre au MAH dans une scénographie vernaculaire prospérant autour de thématiques chères au créateur. Sur les murs peints de vert, des citations inspirantes de Gilbert Albert qui divisent alors la visite en trois sections. La partie “Terre” fourmille d’oeuvres faites d’écorces et de bourgeons. La partie “Mer” me fait plonger tête la première dans des créations en coquillages, en coraux, ou en perles. Puis la partie “Ciel” explore la voie lactée en mettant en lumière des bagues et des broches en forme de météorites. En surplomb, la réplique d’une canopée invraisemblable enveloppe ce qui présage une vaste collection d’orfèvre
Créations et créateur d’exception
Et c’est dire! Une centaine d’oeuvres foisonnent les lieux dont certaines ont, durant la carrière du genevois, permis à celui-ci de devenir le joaillier le plus récompensé au Diamonds International Awards. Alors évidemment, dans la salle Pallatine, surprise et admiration se lisent sur mon visage et celui des neuf autres visiteurs autorisés (mesures anti-Covid, toujours) à la vue de ces travaux d’exception. Comme ce collier de 1987 en algues or, coquillage, perle et tourmaline (photo), ou encore cette demi-parure de 2007 en moulage d’écaille de pomme de pin. Sans oublier ce pendentif dont le scarabée grandeur nature se voit délicatement chaperonné par des saphirs bleu azur.
Finalement, la visite me mène dans un espace à demi-clos, où les voix de l’entourage de l’ex-bijoutier en chef de Patek Philippe également dessinateur et sculpteur, retracent son parcours. En contrepoint, des inventions signées par d’autres créateurs qui ont inspiré ou ont été inspirés par l’artisan se déploient dans le Musée. Qu’il s’agisse de sculptures, de couronnes, de pochettes ou de masques en diamant, tous réussissent le pari de rendre grâce à la créativité intemporelle de Gilbert Albert. Des bijoux locaux validés dans le monde entier, pour le plaisir des yeux et l’envie de les porter pour l’éternité.
“Gilbert Albert: joaillier de la nature”
Au Musée d’art et d’histoire
Du mardi au dimanche, de 11h à 18h
Jusqu’au 15 novembre 2020