Joël Dicker et Amanda Buhler, My Big Geneva

Sortir une énigme pendant la pandémie, aurait été idéal, entre le chômage technique, l’ennui, le confinement, les problèmes de couple, la peur… Le dernier roman de Joël Dicker “L’Enigme de la chambre 622” devait initialement paraître le 17 mars et il nous aurait fait le plus grand bien! Mais après délibération auprès des libraires et de ces lecteurs, il choisit de repousser la date de sortie pour mettre l’accent sur la rencontre et le partage, éléments clés de ses tournées qui lui tiennent à coeur.

 

C’est donc à son Stamm “Saveurs d’Italie”, petit épicerie qui sent bon les vacances en Toscane, que l’on a retrouvé l’écrivain autour d’un café:

L’ère digitale nous fait écrire comme des robots, en suivant non plus des règles de style mais du “Search Engine Optimisation » afin que le Big Google puisse nous référencer. Rassurez-nous et rappelez-nous combien de lecteurs ont lu vos best-sellers jusqu’à ce jour?

À peu près 10 millions dans le monde. Mais on estime qu’un livre qui marche bien est lu 3-4 fois parce que les gens se le passe. Donc en terme de lecteur, c’est souvent plus, si l’on compte les partages.

Quelques mots sur Bernard de Fallois et de ce lien qui unit un écrivain et son éditeur?

Ce sont deux choses très différentes. Il y a le lien qui m’a uni à Bernard et il y a le lien qui lie un auteur et un éditeur parce que ce premier à besoin du second pour exister. Aujourd’hui, on peut auto-paraitre sur des plateformes, mais c’est encore autre chose. Un éditeur n’est pas un imprimeur, certes il a aussi ce rôle car il fait en sorte que le livre existe physiquement, mais c’est avant tout quelqu’un qui pousse l’écrivain à sortir de ses limites, se réinventer, se discipliner et oser quand il le faut. Je l’identifie quelque peu à un entraîneur de boxe; le boxeur est sur le ring, c’est lui qui performe et au-delà, il y a quelqu’un dans l’ombre qui est là pour lui.

Bernard de Fallois, quant à lui, était un éditeur très particulier pour moi parce que nous avons eu une relation emprunte d’une amitié très forte et un lien de maître / élève. Il est né en 1926, moi en 1985. On avait donc 60 ans de différence et un réel lien d’apprentissage s’est formé – une valeur forte, particulièrement en Suisse. Il avait en effet cette émulation et cette capacité à vous emmenez avec lui, à vous faire partager ces convictions et à vous ouvrir l’esprit. Mais on s’est aussi rencontrer à un moment très particulier de nos vies. Je l’ai rencontré à 87 ans et il avait derrière lui une carrière dans l’edition absolument incroyable. Il avait été le patron des plus grands groupes éditoriaux en France. Il était tout simplement devenu une légende. Pour lui, tout était fait alors que pour moi, tout restait à faire.

Quand on demande à Google si c’est mieux de lire des livres ou des livres numériques, il nous répond que si on lit beaucoup, alors le e-book est plus économique. Quora nous dit aussi que le livre numérique ne remplacera jamais le livre. Comment lisez-vous?

C’est une bonne question parce que je viens de m’acheter une tablette! Mais cette question omet l’élément le plus important selon moi; l’implication citoyenne. Dans un monde où l’on a une multitude de choix, il faut savoir les utiliser à notre avantage. 

L’exemple très simple est justement la tablette; elle nous met dans un dynamique de lire plus, mais il faut le faire avec la responsabilité de se dire qu’il faut tout de même des libraires et des magasins. Je ne suis pas contre la vente sur Internet, mais allons en ville, allons soutenir les libraires et les commerçants! 

Ça dépend donc de ce que l’on en fait? 

Oui, parce qu’on a accès à des trucs extraordinaires et Internet est une invention absolument géniale, mais on est responsable d’en choisir le contenu. Youtube, par exemple, est une plateforme où l’on peut voir de l’opéra, du théâtre, des documentaires de National Geographics, ou encore la chaîne de la Naza qui est complètement démente. Mais on peut aussi choisir de regarder des chats qu’on met dans le micro-onde. Ça passe simplement par l’éducation.

Ta cantine officielle?
Ici même, “Saveurs d’Italie”, 11 boulevard du Pont d’Arve. Le meilleur restaurant italien de Genève. C’est affreux parce qu’on y a tout le temps envie de manger!

Chocolat noir ou au lait?
Chocolat noir. 

Ton objet fétiche?
Mon ordinateur. C’est malheureusement – ou heureusement – ce qui ne me quitte jamais.

Ton livre de Robinson?
La promesse de l’aube, de Romain Gary.

Un artiste sur ta playlist?
Ed Sheeran.

Un site internet dont tu es accro?
La météo suisse. 

Jamais sans…
Un bon livre. Ou mon téléphone portable 🙂