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Dr. Max Cooper

Salut, c’est Max Cooper. Dis-moi, es-tu dans les parages?”, moi “bien sûr!!!” alors que je me trouve de l’autre côté de la ville en pyjama. Et il me donne rendez-vous dans 15 minutes, aux backstages du Zoo de l’Usine. Il est minuit à Genève. 

 

Enfant, si quelqu’un avait prédit que vous deviendrez DJ, quel aurait été votre réaction?

Ma timidité aurait très certainement répondu impossible. Enfant, je pensais qu’un DJ était une sorte d’animateur radio, quelqu’un qui prend le micro et se met à hurler “hi everyone, how are you doing tonight?” Et cela m’était inconcevable: inconcevable de parler en public. Cependant, dès l’âge de 17 ans, quand j’ai commencé à fréquenter les clubs, la musique est devenue une évidence. Mais elle est restée un hobby pendant fort longtemps; la science était et est devenue mon métier avant que la musique ne prenne le dessus.

 

Aujourd’hui que la musique est votre métier, à quoi ressemble une journée de travail pour Max Cooper?

Je me lève tard… surtout les week-ends où je dors très peu. Par exemple, hier soir, j’ai fait un gig, ensuite j’ai pris deux vols pour arriver ici à Genève. Il m’a fallu installer mon matériel et vérifier le son, la lumière. Donc de manière générale, je dors 3 heures par nuit les week-ends. La fatigue s’accumule si bien qu’entre dimanche et lundi, une fois à la maison, je dors beaucoup: plus de onze, douze heures. Et je retrouve un certain rythme et ma routine.

Cette routine commence forcément par un réveil tardif. Dès que je suis levé, j’allume mon ordinateur et je commence à travailler. En pyjama, je vais rejoindre mon studio et commencer à jouer avec les différents instruments. Mes journées se passent souvent à répondre au téléphone et emails afin de coordonner avec mon équipe: mon manager, mon agent, mon agent de voyage, comptable, relations publiques et autres personnes qui m’entourent. Beaucoup de monde ignore que le métier de DJ ne se résume pas à un gig sur scène, qu’une équipe est prépondérante dans les coulisses d’une scène pour mener à bien n’importe quel projet. Ce n’est qu’après dîner, vers 21h-22h que je commence à composer jusqu’à 2 heures du matin.

 

Max Cooper, oiseau de nuit. Il rajoutera que le silence, l’obscurité nourrissent sa créativité. L’excès de fatigue aussi l’emmène dans des recoins insoupçonnés de son esprit. Je le ramène à ce moment-là vers nos moutons, à savoir Emergence, son show visuel que le public genevois s’apprête à contempler.

La première question qui m’est venue à l’esprit en regardant votre set, en lisant les critiques et vos interviews, est la suivante: à ce stade de votre carrière, la musique n’est-elle plus suffisante puisque vous avez jugé nécessaire d’ajouter des images?


J’ai toujours été un artiste visuel depuis le début. Bien sûr que la musique suffit; nombre de DJs s’en contentent. Mais ma musique a toujours été visuelle dans ma tête. Si bien qu’avec Emergence, j’ai voulu montrer ces images. Parfois, les images sont venues en premier et j’ai composé à partir du visuel. D’autre fois, la musique fut composée au préalable et les images ont suivi.

 

Pensez-vous donc à la musique en terme de couleurs, sensations, images?

Je ne réfléchis pas vraiment au processus créatif. Si je compose quelque chose et que cela sonne juste, alors j’emprunte ce chemin là. Si par contre, le son n’y est pas, je le jette et je recommence autre chose. Mais des couleurs, des images sont présentes; ensuite il s’agit de décomposer le son, le décortiquer.

 

Vous vous êtes éloigné petit à petit des clubs avec différents projets musicaux. Je pense à PEG l’année dernière, parmi tant d’autres projets, auxquels j’ai été témoin:


C’était d’ailleurs une frustration que de devoir faire une performance limitée à 20 minutes pendant le PEG. J’aurai voulu prendre possession de l’engin plus longtemps. Ce que j’ai joué, je ne l’ai d’ailleurs jamais rejoué ailleurs. Ce fut un one-off, précisément pour l’acousmonium et ce festival.

Mais oui, aller à l’encontre d’un différent public, repousser les limites, explorer font partie de mon processus créatif.

 

Pourtant vous continuez à jouer dans les clubs. J’ai lu dans votre entretien avec Pitchfork l’importance que vous y attachez. Comment lisez-vous votre public? Est-ce une collaboration ou plutôt une bataille?

Comprendre son public est un élément clé du métier de DJ. Etant plus jeune, il m’était plus facile de l’entraîner dans ma musique car je sortais beaucoup et je palpais les atmosphères des différents clubs. Je savais plus ou moins à quoi m’attendre.

Et puis vous avez commencé à voyager aussi de part votre notoriété grandissante et avez du faire face, je suppose, à un public différent?


Tout à fait. Il me faut donc être attentif. Je pourrais ne pas prendre de risques et jouer toujours le même set qui a porté ses fruits au-préalable. Mais ensuite, vous tombez dans une routine que je ne peux pas concevoir. D’un autre côté, vous ne devez pas aller trop loin non plus sinon, vous le perdez en route et finalement vous finissez par jouer pour vous-même. L’interaction avec le public fait partie intégrante de la performance.

 

Les douze coups de minuit sonnent, je redeviens simple spectatrice au milieu d’une foule. Deux heures plus tard, Max Cooper trône sur la scène entouré des images qu’il nous offre en même temps que sa musique. Il les décompose pour mieux les recomposer et l’univers émerge juste devant moi. Le big bang, le trou noir, les planètes, les étoiles, puis la vie humaine. Je traverse les siècles, je témoigne de l’évolution de l’humanité et de sa complexité.

Je ne cesse de le répéter: celui que je surnomme Dr. Max Cooper est un humaniste et ne pas aller à sa rencontre serait un manquement à notre devoir de citoyens terrestres.

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