Takuya Komaba, My Big Geneva

Takuya Komaba a survolé la terre depuis le Japon pour me retrouver, avec son épouse Caroline Bagot et son fils unique. Dans le silence, son corps se met en mouvance, lentement, harmonieusement, face à l’aube et la cheminée qui crépite. Il me sourit.

 

Quelle est la signification de votre routine matinale?

Le soleil ne semble pas bouger pendant la journée, mais ce mouvement du soleil peut se voir clairement à l’aube, lorsque l’horizon est poussière. Et à cet instant, la vitesse de la rotation de la planète peut être ressentie. Ainsi me l’a enseigné un ami artiste, Mr. Egami, qui habite à Abiko, où la campagne s’étend. Je me lève tôt le matin afin d’apprécier l’éveil de la lumière et ressentir le calme et le dynamisme de la Terre. 

Ensuite, je prépare le feu, un café et je peux commencer à jouer du piano.  

 

Quel est votre Ikigai?

Ma famille. Et être moi-même.

 

Pouvez-vous me décrire votre processus de création?

Je n’ai pas appris l’art à l’école. À dire vrai, je suis à peine allé à l’école. À travers la peinture et la musique, j’ai acquis une connaissance universelle de la vie. Le bruit, la lumière, l’obscurité, les couleurs, les plantes, les fleurs, les gens et les animaux sont mes enseignants. 

Les micro-organismes et les champignons se rassemblent sur les arbres tombés, les oiseaux picorent des insectes et les animaux boivent de l’eau de source. Diverses espèces s’harmonisent et circulent pour créer une forêt. En faire partie et y vivre est ce que j’ai essayé de faire ces dernières années. Ici, je peux apprendre la sagesse des ancêtres.

Je peux entrevoir des sons qui naissent de la vie quotidienne, des couleurs et des formes qui changent de jour en jour et des phénomènes.

Je suis fasciné par la vue des enfants qui creusent des trous. Je me souviens quand j’étais enfant, je ne creusais pas un trou pour faire quelque chose, je creusais simplement un trou. Les adultes, eux, pensent souvent à se montrer et à tirer profit. Les enfants, eux, ne cessent de creuser des trous.

Nos ancêtres creusaient un trou de la même manière et mangeaient les animaux qui tombaient dans le trou. Et je peux imaginer que de tels apprentissages accidentels s’accumulent et que des vies nous ont été transmises aujourd’hui.

 

Takuya ne travaille que sur commande. Il suffit de lui envoyer un email, de partager un souvenir, un mot, pour qu’il se mette à créer. Il organise aussi des workshops pour enfants qu’il nomme: « Peindre des mélodies, Écouter les peintures. »

Pour l’artiste, le piano est un moyen de rencontrer la nature, ses couleurs, ses vents et ses vagues.
La peinture est comme un souffle à travers les branches, le chant des oiseaux au sommet.