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Le Refus du Désespoir

Anaïs Nin est une femme de lettres hispano-franco-américaine; elle accède à la notoriété en publiant ses journaux intimes. Dans l’ouvrage « Ce que je voulais vous dire », E.J. Hinz fait la synthèse des diverses conversations de l’auteure. Au chapitre 2, il est question de refuser le désespoir.

 

Le refus du désespoir

Ce passage du journal d’Anaïs Nin est le fruit de sa « recherche obstinée de contacts intimes, d’amitiés, de toutes formes de relations avec les hommes, les femmes, les enfants, les habitants de notre pays et ceux de pays étrangers. »

Je partage ici ces écrits qui, je l’espère, résonneront dans votre tête, votre cœur et votre corps.

 

« Il n’y a pas que les artistes qui parlent de création. On peut commencer à créer dans une vie absolument vide, on peut commencer à créer avec ceux qui vivent à nos côtés, on peut commencer à créer comme le font les enfants – qui se mettent spontanément à écrire des poèmes et à peindre dès qu’ils savent tenir un porte-plume ou un pinceau. Cette création est un constant trait d’union entre notre vie professionnelle et le combat que nous menons contres des forces supérieures comme l’histoire, dont nous pouvons devenir ses victimes, nous avons appris à vivre en marge de l’histoire. Ce n’est pas une fuite, c’est se réserver un endroit où l’on puisse se réfugier pour y prendre des forces, pour retrouver nos valeurs, pour éviter d’être secoués par les événements.

 

C’est un peu comme l’homme qui plonge au fond de l’océan, emportant des bouteilles d’oxygène pour équilibrer la pression. Moi, je parle d’équilibrer la pression entre les événements extérieurs, éprouvants et destructeurs, et ce havre où nous nous reconstruisons, où nous finissons par accomplir ce que Jung appelait la seconde naissance. De cette seconde naissance nous sommes seuls responsables; c’est notre propre création.

 

Cette seconde naissance est celle que vous êtes capable de réaliser. Cette découverte fut pour moi un grand soulagement. Tant que nous attendons à ce que les changements proviennent d’une action extérieure ou de différents systèmes politiques, nous ne pouvons que nous sentir désemparés et avoir l’impression que la réalité nous dépasse et nous écrase. Mais si un jour nous prenons conscience que nous sommes capables de nous transformer, nous transformerons en même temps ceux qui nous entourent. C’est en écrivant que j’ai eu la soudaine révélation de l’énorme influence que je pouvais avoir sur les autres.

 

Ainsi, tout changement intérieur transforme le monde extérieur. Mais la société a séparé les deux actions: on peut soit se consacrer aux autres, soit s’abandonner à une introspection égoïste. Or les deux attitudes dépendent étroitement l’une de l’autre: plus vous êtes ouverts à la vie, plus vous trouverez en vous de force pour nourrir l’extérieur. Pourquoi avoir créé cette dichotomie ? Je ne sais. En effet, tout ce que peut faire l’individu pour lui-même et par lui-même finit toujours par refluer comme une rivière vers l’inconscient collectif. Et si nous sommes aujourd’hui déçus par ce qu’est le monde, cela vient de ce que trop peu d’entre nous se sont appliqués à relever la valeur de l’individu – pour le rendre plus conscient, plus apte à juger les autres, à juger ses dirigeants.

 


Nous devons commencer par nous soigner nous-mêmes. Comme l’a dit Loren Eiseley, chaque fois que nous réussissons à faire taire en nous le combat, nous sommes sur la voie de supprimer la guerre un jour. Je rejette sur l’individu la responsabilité de ce qui arrive à la collectivité. Si chacun prenait profondément conscience que toutes ses actions, toutes ses paroles, toute son agressivité ne sont que le reflet de ce qui se reproduira ensuite sur une plus grande échelle – si nous nous montrions enfin capables de voir les choses de cette manière, alors chacun de nous, à l’image de la cellule, œuvrerait pour créer un être humain, un être qui ne supporterait pas les ghettos, un être qui n’irait pas en guerre. Et nous pourrions seulement alors commencer à créer une cellule capable d’influencer des centaines d’autres cellules autour d’elle. Je ne pense pas que l’on se fasse une idée exacte du degré d’influence que peut avoir une seule personne sur son entourage; et même sur les affaires de la nation.

 

Nous n’avons jamais lié les deux choses; nous avons toujours cru qu’il fallait s’attaquer directement aux problèmes d’ensemble; nous n’avons jamais pensé que nous pouvions transformer l’ensemble en nous transformant nous-mêmes. Si, tout d’abord, l’homme s’était attaché à déchiffrer sa personnalité, à étudier en profondeur les problèmes psychologiques, à aller toujours plus au fond de lui-même, il aurait appris à mieux juger les actions des autres, à mieux choisir ses chefs. Il aurait pu s’améliorer considérablement dans sa profession, s’il avait eu cette lucidité supplémentaire, cette clairvoyance qu’apporte la conscience de la complexité d’autrui. »

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