BioMed MTC, Médecine Traditionnelle Chinoise, My Big Geneva

Dresse Shi est née en Chine dans une famille qui pratique la médecine chinoise depuis quatre générations. Elle est la fondatrice de Biomed MTC, Médecine Traditionnelle Chinoise situé au cœur de Genève. A travers cet interview, elle nous éclaire sur des notions importantes de la médecine chinoise et partage comment en bénéficier durant la pandémie.

 

Pourquoi demandez-vous à vos patients de montrer leur langue?

L’observation de la langue fait partie d’une des quatre méthodes de diagnostic de la médecine chinoise (observation, interrogatoire, palpation, ouïe et odorat). La langue reflète l’état du patient sur une période assez longue et n’est pas soumise aux aléas de l’environnement (comme un pouls qui s’accélère après la marche, les changements selon les saisons etc..).

Tous les organes principaux sont représentés sur la langue. On demande au patient de ne pas se brosser la langue le matin même de la visite, de ne pas boire de café, de jus d’orange ou de boisson colorante. Le but de cette manœuvre est de définir la couleur exacte de l’enduit qui recouvre la langue. La couleur jaue trahit la présence de chaleur interne ou de stagnation, et la couleur balance donne des indices de froid, d’humidité. Outre la couleur, j’observe l’épaisseur de l’enduit, sa texture, la forme de la langue, les fissures et marques etc.. 

 

Lors d’une pandémie mondiale, quels sont les bienfaits de l’acupuncture et d’autres pratiques de la médecine chinoise?

En cette période de pandémie, la médecine traditionnelle chinoise a montré son efficacité. Elle a contribué grandement à la gestion de la crise en Chine, pays qui a été sans quasiment aucun cas pendant plusieurs mois. La prise de plantes, l’acupuncture, le massage et les exercices doux sont tous orientés vers un même but prévenir plutôt que guérir.

L’optimisation du système immunitaire, mais aussi du système respiratoire est un sujet d’étude de tous temps en médecine chinoise. Les plantes permettent de réduire les inflammations, de faire circuler l’énergie et le sang ainsi que d’atténuer les symptômes. Une ordonnance de médecine chinoise est faite sur mesure, donc pour une même pathologie, les patients sont traités différemment. Rappelons que ces traitements s’inscrivent souvent dans un paysage médical complexe où les patients sont déjà sous médication de médecine allopathique et que le praticien compose avec cette situation au cas par cas.

Selon la médecine chinoise, le virus du Covid crée un terrain d’humidité chez le patient, l’humidité freine les capacités du patient à mettre en marche sa réponse immunitaire. Les plantes aident à l’expulsion de l’humidité pathogène par les selles, la transpiration et fortifie les organes comme la rate et l’estomac qui ont la capacité de dissiper l’humidité. L’énergie saine reprend alors le pas sur l’énergie pathogène.

 

Votre famille pratique la médecine traditionnelle chinoise depuis 4 générations; est-ce un choix volontaire que de perpétuer le savoir-faire de votre famille?

Oui on peut dire ça, mais en réalité j’ai grandi dans une famille où tout le monde pratique la médecine chinoise. Petite, je jouais dans la pharmacie avec les plantes séchées, les fleurs sauvages, je faisais même des colliers avec des baies de Goji!

En famille, tout le monde parlait médecine. On discutait des patients, des réussites comme des échecs et de nouvelles techniques à appliquer. Mon grand-père, mes oncles, mes cousins, tout le monde était préoccupé essentiellement par la médecine chinoise. Peu importe qu’ils mangent, marchent ou dorment, la pratique médicale est l’unique sujet de conversation. C’est peut-être un peu exagéré mais lorsque l’on grandit dans cet environnement, on ne se pose pas vraiment la question de ce que l’on va faire plus tard.

Aujourd’hui je pratique la médecine chinoise, mes frères, mes cousins et cousines, tous sont dans ce domaine. Apparemment, mon neveu, le fils de mon grand frère, va entrer à la faculté de médecine en septembre prochain…la tradition familiale se perpétue…

 

Pensez-vous que la médecine chinoise puisse un jour remplacer la médecine occidentale?

J’espère que non. La médecine occidentale est un trésor pour la santé, elle fait preuve d’adaptation et de progrès constant. Elle est totalement intégrée au paysage médical en Chine et coexiste de manière parfaite avec la médecine chinoise. Un bon praticien sait orienter son patient pour son bien-être et non pour quel qu’autre raison.

Dans certains cas, à certains stades de la pathologie, la médecine chinoise fait un travail fantastique pour la santé du patient. L’autre avantage de la médecine chinoise est la prévention. L’équilibre énergétique de la personne peut toujours être optimiser. De nombreux patients se plaignent d’inconforts de vie, de santé qui passe sous les radars du diagnostic de la médecine occidentale. Le praticien de médecine chinoise s’attèle à régler tous ces inconforts et met le patient sur la voie d’un cercle vertueux de santé.

Pour répondre à votre question, j’espère du fond du cœur que ces deux approches de la santé puissent travailler côte à côte, ma formation de base étant d’ailleurs généraliste de médecine allopathique en Chine.

 

Que peut-on espérer lors d’une thérapie de médecine traditionnelle chinoise? 

Plus que ce que l’on vient chercher.  En général, les patients arrivent avec une plainte de douleurs, de transit ou d’insomnie, mais la médecine chinoise se veut holistique. Elle ne sépare pas le corps de l’esprit. Au fur et à mesure des traitements, le thérapeute, outre résoudre le problème d’origine, pourra mettre le doigt sur des aspects qui bloquent dans cette osmose corps/esprit. Bien souvent, le patient n’a pas identifié ces dysfonctionnements. En résolvant ces troubles, le patient va accroître considérablement sa qualité de vie. Certains désagréments qu’il considérait comme « des traits de caractère », « naturels » ou « de toute façon, c’est comme ça » vont disparaître, et ce à tout âge.

Voilà, le plus grand bonheur pour un thérapeute de médecine chinoise, emmener le patient à un niveau de bien-être dont il n’avait pas conscience.