Caroline Bagot, My Big Geneva

Caroline Bagot expose pour la première fois ses œuvres en 2008 à la galerie Chiyofuku, dans la ville de Kurumé au Japon avant d’être sélectionnée à la biennale 3D de Bègles interface où elle expose sa série « trompe le monde ».

Strupltures

En 2014, ses strupltures prennent place définitivement au Musée Kyushi Sangyo, au Japon. L’œuvre Couple est composée de terre, chanvre, huile et bois.

Elle signe ses textes X.R. et n’a jamais voulu expliquer pourquoi.

Avec une strulpture, vous ne vous tiendrez ni tout à fait face, ni tout à fait dans. C’est qu’elle se situe elle-même entre un espace sculptural et un espace architectural – l’entre d’où lui vient son nom. Il s’agit d’explorer un ensemble de processus qui le sont difficilement par la sculpture comme par l’architecture. Schématisons et retenons pour chacune de ces pratiques certaines de leurs dominantes; on identifiera alors, sous divers aspects, les relations suivantes (sculpture/strulpture/architecture): postures / positionnements / places ; mémoire / rythme / résistance à l’usure ; socle / Solcle / sol; plein sur fond de vide / potentiels du vide / vide sur fond de plein; spectateur / Présant / habitant; singularisation substantialisant / variations différenciant / division spatialisant. Bien que les strulptures se proposent d’explorer des régions de l’espace inusuelles, y compris du point de vue du partage traditionnel des arts, il n’est cependant pas question d’ériger un espace idéal soustrait aux lieux, tout au plus pourrions nous invoquer l’idéalité de tel ou tel lieu, dès lors qu’investi par une strulpture: chaque strulpture possède son originalité d’après l’espace avec lequel elle recompose l’émergence de cet espace, et prend sens par la réflexion engagée sur notre être au monde (ni tout à fait face, ni tout à fait dans…).

 

Amour

Couple est inspirée de sa rencontre avec l’artiste japonais Takuya avec lequel elle communique harmonieusement qu’à travers l’art. Ils habitent dans une modeste maison, perdue au milieu d’une des forêts au Japon, près de Kyowa Saku Nagano. Elle se connecte à l’internet une fois par semaine. Le reste du temps, elle élève son fils et cultive de quoi manger.

Cette nouvelle relation qu’elle entretient avec son fils rend les processus de création artistique encore plus lents que d’habitude et l’envie d’exposer à nouveau lui est complètement passée.

 

La danse de la vie recommencée

 

Abstraite peut-être cette approche dont la vie se nourrit: de carrés et de ronds, de colonnes aux angles géométriquement dessinés et pourtant qui détournés, constituent un intérieur où demeurer. En l’espace d’un hangar, les papiers forment en son milieu l’accueil d’un être enveloppé mais déjà au dehors: d’un noir à l’autre, des carrés noirs qui forment la limite infinie de l’espace au cercle noir qui définit le point où se tient – quoi? Peut-être une traversée, un plancher transfiguré, un vide habité, une colonne absente, incarnée en nos corps sublimés.
« Je » suis l’édifice édifié, relevé, absenté mais manifesté par cette construction, parce qu’au fond, qu’importe ce que nous construisons si n’était l’acte qui fait que nous nous y situons. D’un pas léger, suspendu en l’espace contenu, un temps – éphémère sensation – révélateur de toute émergence au monde, s’étire et fait se tenir le soleil au dehors et le cercle noir en dedans, double sombre de ce premier qui pour nous être révélé nous fait savoir le trou au-dessus duquel un instant nous demeurons. Suspend éphémère et fragile ainsi que les structures de papier, temps fugace cependant de la joie du Pressant.

Les pieds posés sur le cercle du carré enveloppé, nous tournons, chantant en silence la danse de la vie recommencée.